De l’ambition politique à la réalité des chiffres : Quel avenir pour la formation en entreprise ? Par Laurent

En juin 2014, nous avions consacré une chronique à l’évolution prévisible des pratiques de formation. Nous partions du postulat que les entreprises consacreraient moins de budget à la formation ce qui nécessiteraient de faire évoluer, a minima les pratiques d’achat, au mieux les pratiques de formation en recourant à la formation à distance (e-learning, web-conférences, vidéocasts….) et/ou en renforçant les pratiques de formation interne (Tutorat, parrainage, échanges de pratiques…).

Nombreux sont ceux qui remettaient en cause notre vision de la réforme arguant que la formation est facteur de compétitivité et que les entreprises continueraient à investir massivement en formation. Depuis, de nombreux sondages ont été publiés et, au gré des sondeurs, des périodes de sondage, les avis des entreprises divergent. Tantôt ils annoncent un maintien des budgets formation, tantôt ils annoncent un effondrement des budgets…

Sans refaire l’histoire de la Loi du 05 mars, rappelons que le document d'orientation du Gouvernement remis aux partenaires sociaux en 2013 en vue de la négociation interprofessionnelle (ayant abouti à l'ANI du 14.12.2013 relatif à la formation professionnelle) contenait 3 objectifs principaux parmi lesquels celui de concevoir la formation professionnelle comme un investissement et non une charge pour les entreprises car les compétences et qualifications des salariés sont des facteurs de compétitivité.

Bien évidemment une très grande majorité de dirigeants d’entreprises reconnaît que les compétences et qualifications sont des facteurs de compétitivité. De là à considérer que c’est la vision de tous les dirigeants ! De là à considérer que la formation sera un investissement prioritaire (avant l’investissement matériel, la réduction des investissements, des charges pour restaurer ses marges…) !

Alors oui, la suppression de l’obligation fiscale « plan de formation » interroge. Elle est source de nombreux débats avec, comme toujours, ses détracteurs et ses défenseurs. Au-delà de nos convictions en tant que professionnel de la formation, nous devons toujours étudier les faits. Et l’étude de la DARES est éclairante à bien des égards…Etude DARES

La DARES a étudié, en s’appuyant sur les déclarations fiscales 2483, les dépenses de formation des entreprises. Voici les 2 grands chiffres que nous devons retenir :

  • 40% des entreprises dépensaient au-delà du minimum légal
  • 60% des entreprises sont qualifiées de sous utilisatrices. C’est-à-dire qu’elles ne dépensaient pas la totalité des fonds dédiés au plan de formation. Et d’ajouter que 50% d’entre elles (soit près d’un tiers de la totalité des entreprises de plus de 10 salariés) n’utilisaient quasiment pas les fonds du plan de formation.

Autrement dit, avant la loi du 05 mars 2014, seules 40% des entreprises concevaient la formation comme un investissement. Comment vont se comporter les 60% d’entreprises qui n’investissaient pas au-delà de leur obligation légale ?

Nous ne le savons pas, mais nous pouvons néanmoins affirmer que le document d’orientation, l’ANI et la loi repose sur une hypothèse optimiste !

27 avr. 2015